Au cœur de l'Amazonie

Exubérance végétale

et méandres de l'eau

depuis le hublot

 

*

 

Sur le tarmac moite

un arc en ciel

me fait de l’œil

 

*

 

Moto-taxis

et barques de bois

Glisser dans l'humidité

des distances

 

*

 

Le klaxon dort

L'eau roule

 

*

 

Il est vraiment sur la photographie

le Ouistiti !

 

*

 

Puissance

La masse brune avance

Comme les hanches

du río Marañón sont amples

 

*

 

Passer un bras d'eau

qui enlace les roseaux

et porte les pattes élancées

des grues blanches

 

*

 

Après 1600 km de descente

Peu après Nauta

Fusion avec l'Ucayali

Naissance de l'Amazone

Tiens, un dauphin rose !

 

*

 

Nous naviguons

sur l'immense largeur

dans la clameur animale

 

*

 

J'écoute la pulsation de la

première langue du monde

 

*

 

Une femme bénit le fleuve

avec deux feuilles de coca

 

*

 

Accoster

Mains tendues

Regard doux

sur pilotis de bois

*

 

Il suffit de s'asseoir un instant

pour voir passer la création

les couleurs sur les ailes

des papillons

 

 

*

 

Je m'imprègne d'eau

Tout se ramollit et se courbe

Mes boucles sont superbes

à l'orée de la forêt amazonienne

 

*

 

Un arbre écoute

au coude du fleuve

la poésie des enfants

de l'école Nyi

 

*

 

Ils peignent

à côté des oiseaux

dans la chevelure

des rêves

 

*

 

Lecture à deux voix

sous le toit de palme

Elegir una palabra

 

 

*

 

Le rire est quotidien

L'étreinte spontanée

 

*

 

Je me balance

dans le cadeau des sens

Hamac en Amazonie

 

*

 

Chaque minute porte sa mélodie

et son cri

Foisonnante et bondissante

Amazonie

 

*

 

Chambre avec vue sur vert

derrière la moustiquaire

 

*

 

La nuit est un concert

à ciel ouvert

 

*

Impression de dormir dans le cocon du monde Balbutiement de phrases impuissantes et chaudes Restituer la forêt grasse des sens !

 

*

 

Après la lluvia insensée

Des nuages consolés

 

*

 

Je ne fais que t'effleurer

Te pénétrer est un possible

impossible

Ton mystère reste entier

Forêt première

Je m'incline

quand tu élances

le chant de ta biodiversité

immense

 

*

 

Dans ton antre humide

60 fois plus d'arbres adultes

que d'êtres humains sur la planète

Mais je suis inquiète

Humilité ou avidité

 

*

 

Dans l'humidité du cœur

Comme la vie est douce

 

*

 

Je m'assoupis dans la vibration

luxuriance, abondance, pétulance

Un seul moustique m'empêche

de disparaître ...