Maman, tu es avec moi sur le chemin...

Je souhaite vous raconter cette histoire car elle illustre les nombreuses résonances que je trouve sur le chemin. Ces suites d'événements ont une occurrence d'apparition tellement faible que l'on se dit qu'il n'y a pas qu'une loi probabiliste qui régit nos vies mais bel et bien une main invisible qui se manifeste. La capter révèle l'espérance sur le chemin. En janvier, j'ai été contactée spontanément par une maison de retraite qui recherchait les compétences d'une professionnelle pour animer un atelier d'écriture. L'objectif du projet étant de faire participer les résidents à un concours littéraire « faisons un rêve ». S'exprimer, raconter, avoir envie, se souvenir. Lorsque je réceptionne ce mail, je demande où se situe l'établissement et il s'avère qu'il se trouve sur la route que j'allais emprunter en mars pour mon périple dans l'ouest. Cela tombe bien, c'est l'établissement qui est venu à moi. Durant cette nouvelle tournée dans l'ouest, un moment émouvant et troublant : je chante devant une camarade de collège de Maman croisée quelques mois plus tôt au fond de l'île de Ré ! Maman était parmi nous durant le repas qui a suivi, j'ai montré quelques photos d'elle et nous avons un peu parlé de sa vie. Mardi dernier, je me suis rendue dans la maison de retraite des jardins de Loulay. Parmi les résidentes qui participaient à l'atelier, il y avait une dame bien valide, vive d'esprit, très cultivée. Elle dénotait presque dans ce décor où la dépendance est monnaie courante. Lorsque je me penche sur sa feuille pour l'aider à rédiger son rêve. Elle me dit qu'elle souhaite raconter son voyage vers une terre inconnue : l'au-delà ! Le but de son récit est de montrer l'alliance entre cette rive invisible et la vie réelle. Je réceptionne, cela me fait écho ! Je l'aide à développer la structure du récit et les émotions qu'elle souhaite faire passer. Elle imagine un dialogue avec une fée qui repartira ensuite dans le monde réel pour veiller sur l'avenir des siens. Avec une sorte de jumelle, elle aurait la capacité de tout voir depuis l'autre rive. Nous avançons dans son récit et je lui demande d'imaginer son arrivée dans l'au-delà. Ses mots prennent alors à mon oreille un son particulier. Elle me dit « en arrivant sur cette rive, je sens que j'ai à nouveau 30 ans ». Cela m'a touché. Cette personne âgée en formulant les idées de son récit me racontait exactement ce que j'avais vu dans la forêt du Touquet quelques jours après le décès de Maman quand elle s'est manifesté à travers l'oiseau. Voici comment je pourrai résumer l'énergie que j'avais perçu à l'époque sur le voyage de Maman « En arrivant sur cette rive, je ressens une joie incommensurable, comme une libération, j'ai à nouveau 30 ans. Et je m'aperçois que tout ce que j'avais pressenti existe, cela ne s'arrête pas brutalement. C'est comme une renaissance dans un univers plus vaste sans limites où je suis libérée de la prison du corps et où je peux continuer à veiller sur mes proches avec toute la force de mon amour. ». C'était pour moi une validation d'entendre cette femme imaginer ce que j'avais vu, une manifestation à nouveau de la présence de Maman sur le chemin. L'invisible se repère dans d'infimes choses car c'est dans un domaine très sensible qu'il éclot. C'est ce que les chamanes nomment synchronicités. Ce que d'autres appellent dialogues avec l'ange. J'ajouterai que pour percevoir cet infime qui peut pourtant être puissant, il faut oser écouter le silence, ouvrir son cœur et laisser sa voix intérieure se dérouler car nous avons tous une intuition et une capacité à percevoir ces énergies. Nous avons souvent enfouis cet instinct, déconnectés par notre vie moderne à la quête de sens et aux cycles essentiels. C'est en osant ressentir que nous devenons justes. J'écoute le sensible et il révèle des vérités délicates. Peu importe le nom que l'on donne à ce genre de choses sans forcément raccrocher sa spiritualité à un dogme religieux. Je pense que cela représente tout simplement l'âme du monde. Comme l'écrit Frédéric Lenoir dans son livre qui porte ce nom « Toute parole, toute pensée, tout regard adressé à la force mystérieuse qui anime l'univers nous relie à l'âme du monde et porte ses fruits » Je me souviens d'un rêve clair où Maman me disait « N'oublie pas que tu peux rester en communication avec moi » et je crois qu'à travers ces énergies et ces petits tremblements, ces signes, je la perçois clairement. Une chose est certaine le ciel n'est pas vide. La mort est une différence de présence, l'amour lui ne meurt jamais.